Par Amélie Crespin-Landry et Amina Arab
Le 25 novembre est la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Cette journée est menée chaque année par les Nations Unies depuis 2008 et représente une occasion de conscientiser et sensibiliser le public à un enjeu de société. Bien qu’elle soit omniprésente dans la société, elle serait l'une des violations les moins signalées, notamment en raison de l’impunité, du silence, de la stigmatisation et du sentiment de honte que peuvent ressentir les victimes (ONU). Parmi les différentes formes de violence faites aux femmes, la violence d’un partenaire intime est une des formes de violence les plus couramment subies par les femmes à travers le monde. D'ailleurs, l’évolution rapide de la technologie amène ces violences à migrer dans le monde virtuel où son utilisation malsaine peut rapidement devenir problématique et exacerber les cas de violences conjugales. Selon l'INSPQ (2018), ces violences alimentées par les technologies se regroupent sous le terme "cyberviolences”' qui, selon l’INSPQ, se définit comme suit : “ L’utilisation des technologies pour harceler, surveiller, contrôler ou exercer des pressions sur un partenaire ou un ancien partenaire.”
Quelques données…
78% des victimes de violence conjugale ont vécu des événements de cyberviolences (Fernet et al., 2019).
La cyber violence sexuelle, le cyber harcèlement ainsi que la cyber surveillance touchent entre 18% et 55% des adolescentes et adolescents (Institut national de santé publique du Québec, 2018).
Selon certaines études, les femmes de 25 ans et moins seraient particulièrement à risque en ce qui a trait aux cyberviolences en contexte de violence conjugale (Bates, 2015).
Une étude de l’Institute of Cyber Security for Society et l’université Kent rapporte une augmentation de 420 % des signalements de violences conjugales facilitées par les technologies durant la pandémie de la COVID-19 (Afroditi, P. et al, 2021).
Les cyberviolences
La violence conjugale n’est pas une nouvelle problématique et sévit depuis longtemps. Toutefois, l’arrivée des nouvelles technologies et des réseaux sociaux a amené une nouvelle forme de violence vécue par ces victimes.
Effectivement, les cyberviolences peuvent être instantanées et peuvent être utilisées de façon continue. Contrairement aux autres formes de violences plutôt «traditionnelles» (psychologique, physique, économique, sexuelle…) en contexte de violence conjugale, les cyberviolences sont difficilement évitables pour les victimes, car elles peuvent être constamment rejointes par les différentes technologies. De plus, ces moyens technologiques sont utilisés entre autres pour maintenir ou amplifier l’emprise sur les victimes (SOS violence conjugale).
Les cyberviolences peuvent se présenter sous différentes formes. Dans cet article, nous présentons les 3 cyberviolences les plus fréquentes (cyberharcèlement, cybersurveillance et contrôle, la cyberviolence sexuelle).
Cyberharcèlement
Le harcèlement n’est pas un nouveau phénomène. Effectivement, l’arrivée des médias sociaux a mis l’ampleur sur le problème de harcèlement et peut viser autant les jeunes que les adultes et les femmes que les hommes. Toutefois, le cyberharcèlement est particulièrement utilisé dans les relations intimes et est maintenant considéré comme une forme de violence intime, étant donné que le cyberharcèlement est un phénomène à caractère intrusif, agressif et peut-être dévastateur autant pour la victime que pour sa famille.
Le cyberharcèlement consiste principalement en un comportement où le partenaire ou ex-partenaire fait usage de technologies pour tenter de contacter ou contacter à répétition et contre son gré son partenaire ou ex-partenaire.
Moyens technologiques utilisés:
Courriels;
Messages textes;
Réseaux sociaux;
Sites de clavardages;
Jeux vidéos permettant de communiquer entre joueurs.
En plus de contacter contre son gré son partenaire ou ex-partenaire, le cyberharcèlement a entre autres pour but d’humilier la personne contactée, de porter des paroles d’intimidation, de propager des rumeurs, des insultes, des menaces, des propos diffamatoires, ainsi que faire du chantage, de façon répétitive (LOVE, s.d.).
Comme toute forme de violence intime, le cyberharcèlement peut porter de graves conséquences à la victime que ce soit physique (stress, anxiété, peur, colère, troubles du sommeil, troubles du comportement alimentaire, automutilations, suicide) ou psychologique/émotionnel (problème de concentration, problème d’estime de soi, isolement, dépression…).
Cybersurveillance et contrôle
La cybersurveillance comprend l’utilisation de divers dispositifs technologiques dans le but d’épier son partenaire (ou ex-partenaire) à des fins de contrôle sur celui-ci. Des informations sur le partenaire seront recueillies grâce à l'utilisation de la technologie. Des informations sur la géolocalisation du partenaire, ses aller-et venu, ce qu’il fait et avec qui. Ces informations serviront ensuite comme moyens de pression pour exercer un contrôle pour faire chanter le partenaire ou ex-partenaire.
Moyens technologiques utilisés:
La recherche d’information en ligne, sur les plateformes de réseaux sociaux par exemple, peut servir à recueillir de l’information sur le partenaire (ou ex-partenaire). Cette technique peut s'apparenter au ‘’stalkage’’.
Les caméras activées à distance ou les caméras cachées peuvent également servir de moyens pour surveiller la victime de cyber surveillance. Les images collectées peuvent être utilisées pour exercer une pression ou un contrôle sur la victime.
Les dispositifs de localisation physique comme les trackers et les GPS. Les ‘’trackers’’, généralement utilisés pour retrouver des objets perdus, sont ainsi placés à l'intérieur d’un bien fréquemment utilisé par la victime. Ceci permettra à l’abuseur d’être au courant des allées et venues de sa victime.
Cyberviolence sexuelle
Ce type de violence, tout comme les deux autres, se fait par le biais de différents moyens de communication technologiques, que ce soit par texto, via les plateformes de réseaux sociaux ou bien par le web. La cyberviolences sexuelles englobent tous les actes sexuels non sollicités et non désirés commis par l’entremise de la technologie. Par exemple, il peut s’agir du fait de forcer son partenaire ou ex-partenaire à recevoir ou à envoyer du contenu multimédia à caractères sexuels.
Or, il existe plusieurs formes de cyber violences sexuelles telles que la sextorsion, le cyber harcèlement ainsi que le partage non consensuel d’images intimes.
Aide et ressources pour les victimes de violence conjugale:
Si vous avez besoin d’une aide immédiate, contactez le 911;
SOS violence conjugale (1-800-363-9010 ou https://sosviolenceconjugale.ca/fr) «offre de l’écoute téléphonique, un soutien psychologique, de l’intervention immédiate, ainsi qu’un service de référence aux maisons d’hébergement» → Bilingue, gratuit, anonyme et confidentiel, 24/7…
Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (https://maisons-femmes.qc.ca/);
Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (https://fmhf.ca/) «les maisons d’hébergement offrent gratuitement du soutien téléphonique 24/7, de la consultation externe et un hébergement sécuritaire»;
Info-aide violence sexuelle (1-800-933-9007 ou https://infoaideviolencesexuelle.ca/);
Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) (1-866-532-2822 ou https://cavac.qc.ca/);
Tel-Jeunes (1-800-263-2266 ou https://www.teljeunes.com/Accueil);
Commission des services juridiques - Rebâtir (1-833-732-2847 ou https://rebatir.ca/) «consultation juridique sans frais pour les personnes victimes de violence sexuelle et de violence conjugale»
CDÉACF (https://cdeacf.ca/) « Depuis 1983, le Centre de documentation sur l'éducation des adultes et la condition féminine (CDÉACF) rend accessibles, en français, une documentation et une information spécialisées aux milieux de l’alphabétisation, de l’éducation et de la formation des adultes ainsi qu’aux milieux de la condition des femmes, au Québec et au sein des communautés francophones du Canada.»
Si vous connaissez quelqu'un ou êtes vous-même victime de cyber violences, n'hésitez pas à en parler.
Sources
Bates, S. (2015). “Stripped”: An Analysis of Revenge Porn Victims’ Lives after
Victimization. Simon Fraser University
INSPQ (s.d.). Cyberviolences dans les relations intimes. Institut national de santé publique du Québec [en ligne] https://www.inspq.qc.ca/violence-conjugale/comprendre/cyberviolences-dans-les-relations-intimes
LOVE (s.d.). Le cyber harcèlement. Love Organization [en ligne] https://loveorganization.ca/qc/fr/le-cyber-harcelement?utm_campaign=Article%3APrevention%3ACyberbullying%3A%20-%20SN%20ST%20-%20QC%20-%20FR%20-%20%20-%20LOVAW0014&utm_medium=cpc&utm_source=google&utm_term=le%20cyber%20harc%C3%A8lement&utm_matchtype=e&gclid=CjwKCAiAjs2bBhACEiwALTBWZX92gt66272KpmTCRe6V1McWaqPAdxPWvhECv5afw6-8F41f-Go9choC0xQQAvD_BwE
Ministère de la Sécurité publique. (2022). Criminalité au Québec — Infractions contre la personne commises dans un contexte conjugal en 2020, tiré de https://www.quebec.ca/ gouvernement/ministere/ securite-publique/publications/statistiques-criminalite-quebec
ONU (s.d.). Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. 25 novembre. Nations Unies [En ligne] https://www.un.org/fr/observances/ending-violence-against-women
SOS violence-conjugale (s.d.). Démasquer la violence conjugale. SOS-info [en ligne] https://sosviolenceconjugale.ca/fr/outils/sos-infos/demasquer-la-violence-conjugale
La fondation Marie-Vincent https://marie-vincent.org/articles-prevention/la-cyberviolence-sexuelle/
Cybertip. Dangers d’internet : La cyber violence sexuelle. [en ligne] https://www.cybertip.ca/fr/dangers-internet/cyberviolence-sexuelle/